RDC : la tension reste vive à Beni
Par Poly Muzalia, correspondant à Kinshasa

Crédit photo, AFP
Une manifestation à Beni, où des massacres de civils surviennent depuis deux ans (photo d'archives).
Après les sanglantes attaques du weekend, la situation est encore tendue à Beni, une ville située dans l'est de la République démocratique du Congo, où cinq personnes au moins été arrêtées ce mercredi, selon une source policière.
De violentes échauffourées ont éclaté ce matin, dans cette petite ville.
Quatre jours après le dernier massacre qui a fait une cinquantaine de morts, la population est descendue dans la rue pour manifester sa colère.
Les manifestants protestaient contre l'incapacité des autorités à protéger les civils des massacres à répétition depuis deux ans dans leur région.
La police a fait usage de tirs de sommation et de gaz lacrymogènes pour les disperser.
D'après des témoignages d'habitants de Beni, les manifestants voulaient déposer un mémorandum à la mairie de la ville, pour dénoncer les massacres, mais la police les a empêchés de le faire.
Ils ont alors brûlé des pneus et ont érigé des barricades sur le boulevard Nyamwisi, la principale artère de la ville.
Les manifestants ont lancé des slogans hostiles au pouvoir et ont arraché des drapeaux du parti de Joseph Kabila, le président congolais.
D'autres habitants se sont terrés chez eux, observant les émeutes la peur au ventre.
C'est le cas d'un jeune homme qui, depuis lundi, n'a pas pu quitter son domicile et a peur de se retrouver à court de provisions.
"Il n'y a pas de marché ici. Pas de boutique non plus. Il n'existe pas de banque, même pas d'endroit où l'on peut acheter une carte téléphonique. Nous menons une vie difficile. C'est comme si nous ne sommes pas protégés par les forces gouvernementales", a-t-il dit à BBC Afrique dans un entretien par téléphone.
Mardi, le Premier ministre Matata Ponyo s'est rendu à Beni pour présenter les condoléances du gouvernement aux parents des victimes des massacres du weekend dernier.
Mais il a été hué par une foule qui a dénoncé l'incapacité des autorités à protéger les civils.