Gabon : les politiques tendent la main à la CPI

Charles Stéphane Mavoungou, Libreville, BBC Afrique

Scène de violence au Gabon, après le scrutin présidentiel du 27 août dernier.
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Scène de violence au Gabon, après le scrutin présidentiel du 27 août dernier.

L'opposition et le gouvernement gabonais disent être favorables à la décision de la Cour pénale internationale (CPI) d'enquêter sur les violences postélectorales au Gabon.

L'élection présidentielle gabonaise du 27 août a été émaillée de violences meurtrières.

Beaucoup de Gabonais veulent connaître le nombre de personnes disparues lors des manifestations organisées après l'annonce de la victoire d'Ali Bongo Ondimba.

De source officielle, il y aurait eu trois morts parmi les manifestants et 105 agents de sécurité seraient blessés.

Mais la société civile gabonaise estime qu'il y a eu "plus de 100" morts.

Des familles proches de l'opposant Jean Ping se disent endeuillées à la suite des manifestations.

D'autres affirment que certains de leurs proches ont été enlevés par des agents de la sécurité publique.

L'opposition se réjouit déjà de l'arrivée prochaine au Gabon d'une mission de la Cour pénale internationale.

"Pas de petits calculs politiques"

"Une enquête de la CPI sur les violences au Gabon, c'est ce que tout le monde entier demande. On ne demande pas autre chose. On ne va pas continuer à massacrer des personnes innocentes simplement parce qu'elles sont dans la rue pour réclamer la vérité", déclare Maître Jean-Rémy Bantsantsa, un avocat de Jean Ping.

Avant de quitter son département à la suite de la nomination d'un nouveau Premier ministre, mercredi, l'ex-ministre de la Justice, Denise Mekam'ne, a initié une démarche auprès de la CPI, afin que cette juridiction mène une enquête sur les violences postélectorales.

"Il est important qu'on sache que ce qui s'est passé au Gabon est inacceptable (…) Nous ne faisons pas de petits calculs politiques. Nous avons la conviction que nous devons défendre la liberté et la démocratie", a-t-elle dit.

L'opposition et la société civile gabonaises tiennent Ali Bongo Ondimba et ses militants responsables des violences.

Le camp présidentiel, lui, accuse Jean Ping et ses partisans et dit être "déterminé" à se défendre.

La CPI, une juridiction basée à La Haye (Pays-Bas), a annoncé jeudi qu'elle va mener un examen préliminaire sur les violences préélectorales au Gabon.

Cette procédure permettra à la CPI de savoir s'il est nécessaire ou pas d'ouvrir une enquête proprement dite sur les violences.