"Le meilleur de ma vie, je le dois au pire de mon existence"
L'artiste Corneille est d'origine rwandaise
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Corneille s'est souvent servi de la musique pour évoquer sa tragique histoire. En quête de guérison, le chanteur d'origine rwandaise "s'accroche aux vivants pour raconter les morts".
Cornélius Nyungura revient notamment sur le massacre de sa famille pendant le génocide rwandais de 1994.
"C'était quelque chose qui me serrait la gorge. Et la chanson ne suffisait pas pour le dire", confie l'auteur, compositeur et interprète naturalisé Canadien.
Après cinq ans d'hésitation, Corneille a finalement décidé d'écrire. "Sans rîmes, sans embellie", martèle le chanteur.
Crédit photo, Cahier iconographique
Chemin de l'exode
Son autobiographie intitulée "Là où le soleil disparaît" est parue chez XO Editions, en septembre dernier.
Il y raconte son histoire tragique, ses peurs qui le hantent et ses souvenirs qui l'étripent.
Questions-réponses :
BBC Afrique : La trame de votre livre, c'est cette nuit du 15 avril 1994. Une nuit durant laquelle vous dites que vous avez tout perdu. Absolument tout. Car toute votre famille est massacrée. Vous êtes le seul survivant. Dans cette lueur timide d'une bougie, suite à une panne d'électricité... Il y a ce soldat que vous apercevez et ces coups de fusil qui résonnent encore dans votre tête...
Corneille : Oui. Toujours. Ceci dit, je ne dirais pas que la trame de mon récit est cette nuit-là. Je pense que cette nuit-là est un point de bascule dans ma vie, mais la réelle trame de mon récit, c'est la réponse à cette question : comment est-ce qu'on se sort d'une expérience hautement traumatique comme celle-là sans se laisser piéger par la colère, la rancœur, la rancune.
BBC Afrique : Les soldats qui tiraient, vous dites qu'ils faisaient partie de l'Armée patriotique rwandaise, branche armée du FPR, le Front patriotique rwandais, l'actuel parti au pouvoir. Comment les avez-vous reconnus et surtout pourquoi ont-ils tué votre famille? Que reprochaient-ils à votre père ?
Corneille : La question "pourquoi" est une question que moi aussi je me pose. Je ne peux y répondre. Mais comment ai-je fait pour les reconnaître, c'est très simple, les premiers coups de fusil éclatent tout de suite après qu'ils aient posé une question à mon père demandant si nous cachions des cafards, "inyenzi" (désignation utilisée par les génocidaires pour désigner les Tutsis) (ndlr)...
Crédit photo, D.R
Le 15 avril 1994, caché derrière un canapé à son domicile, Corneille a assisté au massacre de sa famille (ses parents, ses deux petits frères et sa petite sœur) par "un escadron de la mort".
Le génocide de 1994 qui a fait au moins 800 000 morts, des Tutsis et Hutus modérés.
Rwanda : "la peur irrationnelle" de Corneille