Bangui : "Noël en famille"
En Centrafrique, le gouvernement a décidé de fermer le plus grand site des déplacés de la capitale encore appelé site de l'Aéroport Bangui M'Poko.
Max Allaroum,
Bangui, BBC Afrique
Crédit photo, Max Allaroum
L'opération lancée à quelques jours de la fin d'année est dénommée "Noël à la maison".
L'opération lancée à quelques jours de la fin d'année est dénommée "Noël à la maison".
Il s'agit d'accompagner quelques 28.000 personnes résidant encore sur ce site, à regagner leur domicile respectif.
Une modique somme d'argent est mise à disposition de chaque ménage pour faciliter ce retour.
C'est sous les râteaux d'un bulldozer que les premières huttes situées à quelques 200 mètres de l'aéroport Bangui M'Poko s'écroulent, contraignant des familles à partir de ce site qui les a abritées durant deux ans de crise socio-politique en Centrafrique.
Ce départ est bien souhaité par les concernés qui regrettent toutefois de n'avoir pas eu une assistance conséquente.
De Mirabelle Gbadé, mère au foyer, est aux abois.
"On nous parle de 50.000 francs CFA alors que nous irons prendre des maisons de location. Qu'allons-nous devenir ? Nous avons des enfants. Par exemple moi, j'en ai 4. J'ai mon mari et des petits frères. Ma maman est morte dans la guerre. Comment je vais faire avec 50.000 francs dans une maison de location. C'est impossible. A moins pour eux de rajouter quelque chose », se plaint-elle.
De son coté, un père de famille se désole : "On a fui sans emporter nos effets. Mais tout a été volé. C'est dans le site que je me suis refait une vie avec ma femme. C'est dire que les 50.000 francs sont insuffisants pour moi. Je ne sais quoi faire mais je ne peux que partir car je n'ai plus rien à faire ici" .
Pour les autorités, il ne s'agit là que d'une première phase du processus.
Un ménage d'un à trois membres perçoit 50.000 francs CFA. A partir de quatre personnes, le montant atteint 100.000F.
Selon Bertin Gustave Niakamatchi, le représentant du ministère des Affaires Sociales qui coordonne ce retour des déplacés, il s'agit tout juste d'un accompagnement. C'est un appui au retour, et non une prise en charge proprement dite. Donc c'est juste pour commencer leur intégration dans la société ».
Au total, 8.000 ménages sont concernés par cette opération de déguerpissement qui ne laisse aucune alternative malgré la situation sécuritaire délétère dans certaines zones de retour.
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8.000 ménages sont concernés par cette opération de déguerpissement
Bertin Botto, Coordonnateur Général du site des déplacés de l'Aéroport Bangui M'Poko est plutot inquiet.
"Pour ceux qui vont ailleurs, il y aura moins de problème. Mais le problème c'est surtout pour ceux qui doivent regagner leurs quartiers d'origine parce que la majorité des maisons sont détruites et l'insécurité y perdure. Nous espérons que le gouvernement fera tout pour assurer leur sécurité".
Le gouvernement se veut rassurant et signale que des dispositions sont prises pour assurer un suivi dans les zones de retour.
"A travers le profilage que nous avons fait, nous connaissons là où les gens doivent aller. Nous avons mis en place une chaine de procédures pour permettre à ces gens de sortir dans la dignité et dans la sécurité. Pour la première phase, il est question que nous identifions les huttes qui sont détruites." explique Bertin Gustave Niakamatchi.
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Il s'agit d'accompagner quelques 28.000 personnes résidant encore sur ce site, à regagner leur domicile respectif.
"Si la personne détruit son abri, on lui remet un ticket de destruction, on l'enregistre et, on le met dans le circuit de prise en charge dans les quartiers de retour. Cela nous permettra de les suivre jusqu'à ce qu'ils aient une vie équilibrée", ajoute-t-il.
En tout cas, les déplacés n'ont plus d'autre choix que de partir. Pour les autorités de Bangui, l'enveloppe qui est remise aux ménages devrait malgré tout leur permettre de fêter Noël à la maison et en famille.
Les concernés se soucient peu de partir avant ou après cette fête.
Ils insistent plutôt pour que la compensation financière soit plus importante.